L’environnement, un levier important pour le bien-être au Québec
Blogue3 novembre 2022

L’environnement, un levier important pour le bien-être au Québec

On vit de mieux en mieux au Québec, sur le plan économique et sur le plan social. En revanche, en matière d’environnement, il y a encore beaucoup de travail à faire.  C’est ce qui ressort de la 2e édition des indicateurs du bien-être, dévoilés par le collectif G15+ le 18 octobre dernier.

Fondé en 2020, le G15+ est composé de leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux du Québec, dont Fondaction. En janvier dernier, le collectif a dévoilé une série d’indicateurs qui mesure l’évolution du niveau du bien-être au Québec, et les a regroupés en 3 piliers. Le pilier Économie, qui évalue notamment la qualité de l’emploi, l’endettement des ménages, ou encore le dynamisme entrepreneurial. Le pilier Société, qui analyse entre autres le niveau de pauvreté, l’accès au logement, les écarts de revenu et de richesse, l’accès à la culture. Et le pilier Environnement, qui scrute l’état de la qualité de l’air, la circularité de l’économie, la mobilité durable, ou encore l’état de la biodiversité.

Cette deuxième vague de résultats des indicateurs révèle que le bien-être au Québec a progressé au cours des dernières décennies, principalement grâce à l’évolution favorable des piliers économique et social.

Le Québec encore loin des cibles gouvernementales

En revanche, le bilan est moins reluisant au chapitre du pilier environnemental et bien du chemin reste à parcourir. Les tendances des indicateurs environnementaux indiquent généralement une stagnation, voire une détérioration de la qualité de notre environnement. Dans certains cas, le Québec reste encore bien loin des cibles gouvernementales, notamment en ce qui a trait aux émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 1990 et 2020.

Par exemple, la qualité de l’air s’est détériorée et la réduction des émissions totales de GES depuis 1990 est marginale, malgré une diminution plus importante des émissions exprimées par personne.

Le G15+ déplore la détérioration de plusieurs indicateurs environnementaux. Dans le contexte actuel de lutte contre les changements climatiques, de dépassement des limites planétaires, et d’effondrement de la biodiversité, il y a urgence d’agir. À commencer par établir des indicateurs solides et fiables.

Des données essentielles, à l’approche des événements des COP.

Des trois piliers, c’est le pilier environnemental pour lequel des indicateurs font cruellement défaut, par manque de données fréquentes provenant d’instituts de statistiques gouvernementales.

Il manque notamment des indicateurs institutionnels solides sur la capacité de séquestration du carbone, le nombre de catastrophes naturelles et d’urgences, l’adaptation aux changements climatiques, la part modale des modes de mobilité durable, etc.

Ces mesures sont indispensables pour une meilleure compréhension et prise en compte de la situation environnementale québécoise dans les politiques publiques.

Autre exemple, les plus récentes données scientifiques révèlent un déclin accéléré des espèces et de la biodiversité, un phénomène qui n’épargne pas le Québec. Or, le manque de données et d’indicateurs sur la biodiversité pour la province ne nous permet pas d’évaluer la situation de manière précise et d’agir rapidement en conséquence. Le Québec devra faire des efforts considérables s’il veut améliorer son bilan au chapitre environnemental.

« Nous avons besoin de bons indicateurs environnementaux pour mesurer et suivre au fil du temps les impacts de la pollution sur la santé humaine, la perte de milieux naturels, agricoles ou forestiers, ou encore l’état des espèces vivantes. De telles mesures sont nécessaires rapidement pour nous adapter aux effets des changements climatiques affectant déjà toutes les régions, ainsi que pour protéger la biodiversité sur laquelle repose la résilience de l’économie et des communautés », concluent Sabaa Khan, DG Québec/Atlantique de la Fondation David Suzuki et Geneviève Morin, PDG de Fondaction.

Un message qui résonne fort à quelques semaines de la COP15 sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal en décembre prochain et qui fera partie des messages portés par Fondaction, par la voix de sa PDG.

Mieux qu’ailleurs au pays

La 2e édition apporte plusieurs nouveautés : une comparaison entre le Québec, l’Ontario et l’ensemble du Canada, des données qui s’échelonnent des années 1970 à 2022 et 3 nouveaux indicateurs culturels. Elle permet de constater que la progression globale du Québec dans les trois piliers dépasse celle de la province voisine et du pays.

Le Québec a connu une amélioration marquée au chapitre de la conjoncture économique ces dernières décennies, selon l’analyse des indicateurs économiques. L’augmentation notable du revenu disponible par personne, un marché de l’emploi plus dynamique, une main-d’œuvre plus qualifiée et plus éduquée, ainsi qu’une productivité du travail légèrement accrue, ont représenté les principaux vecteurs d’amélioration.

Les indicateurs sociaux suggèrent que la population québécoise a connu une amélioration générale de ses conditions sociales. Plusieurs sujets demeurent préoccupants, toutefois, notamment au chapitre des sports et de la culture, l’accès au logement, de même que sur le plan de la santé mentale de la population.

Mais les progrès sont inégaux.

Selon Natalie Pouliot, DG de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre et Béatrice Alain, DG du Chantier de l’économie sociale, deux organisations membres du regroupement G15+, « si les gains économiques et sociaux du Québec sont notables par rapport à l’Ontario et l’ensemble du Canada, la lenteur du virage écologique — par ex. la faible circularité de l’économie et la maigre part du PIB dédiée aux produits environnementaux et aux technologies propres — augmente non seulement notre dette environnementale léguée aux prochaines générations, mais elle affecte aussi notre résilience socio-économique ».

Le pilier environnemental demeure préoccupant par rapport aux défis que pose la lutte contre les changements climatiques et la protection de la biodiversité. Et le mesurer permettra d’orienter plus efficacement les actions.