Blogue1 octobre 2020

Vivement 2021 !

Dans les tout premiers jours du confinement, en mars dernier, une plaisanterie circulait sur les réseaux sociaux sous la forme d’une fausse note interne appelant à… annuler 2020 : « Après une réflexion approfondie, nous avons décidé qu’il n’était plus dans le l’intérêt des personnes concernées de continuer 2020. Tout en reconnaissant qu’un important travail a été fait pour préparer 2020, avouons que l’année a mal viré et qu’il serait mieux de simplement arrêter ça là », disait le mémo (traduction libre).

Par chance, blague à part, de nombreux entrepreneurs québécois ont choisi de ne pas jeter la serviette et d’apprendre de cette année de crise pour mieux réussir la suivante. C’est ce qu’a rapporté Olivier Laquinte, PDG de Talsom et porte-parole du Regroupement des firmes de services professionnels indépendantes (RFSPI), alors qu’il était l’invité, en septembre, de la Communauté Fondaction, un groupe LinkedIn privé créé en avril pour favoriser les échanges et le partage parmi les clients et partenaires de Fondaction. Un vendredi sur deux, un événement virtuel web direct donne la parole à un expert, au bénéfice des membres de la Communauté.

Olivier Laquinte basait son constat sur les riches discussions qui ont eu lieu lors de Conquête 2021, un événement virtuel organisé par le RFSPI en deux temps : le 9 juillet, les quelque 100 PDG participants d’horizons très variés ont pris conscience du chemin parcouru dans la tourmente de la pandémie; et le 3 septembre, ils ont tracé les contours de leur relance. Avec un certain optimisme !

Confiance et coopétition

Les entreprises sont prêtes à reprendre une posture de croissance, retient Olivier Laquinte : « Il y avait un volet très « ambition »  dans les discussions. […] Le sentiment d’avoir réalisé tout ce qu’on était capable d’accomplir. 90%, presque 100% des entreprises ont pivoté pendant la crise et ça a donné aux dirigeants incroyablement confiance en ce qu’ils font, en ce qu’ils sont ».

Dans les échanges, deux mots sont revenus particulièrement souvent : communication et partage. Y compris entre entrepreneurs. Les participants ont dit vouloir travailler les uns avec les autres, même entre compétiteurs, pour améliorer leur positionnement de marché. On parle de coopétition. Se serrer les coudes et mieux saisir les opportunités. C’est la grande opportunité révélée lors de l’événement.

« La dématérialisation des frontières, ça va amener de nouveaux concurrents sur nos marchés, mais si avant on se définissait beaucoup au niveau géographique, on voit maintenant des opportunités pour croitre ou diminuer ses risques en allant à l’extérieur des frontières, explique Olivier Laquinte. Et alors la personne avec qui je me battais avant est maintenant mon alliée. »

Cet éclatement des frontières nécessitera que les entreprises deviennent encore plus pertinentes pour leurs marchés, plus pointues.

5 chantiers incontournables

Pour 2021, les dirigeants se donnent aussi l’objectif de reconnecter avec leurs clients et leurs employés, et d’accentuer leur virage vers le numérique pour développer leurs marchés.

Leurs objectifs font écho aux recommandations de Jean-Marc Léger, qui expliquait lors de l’événement Conquête 2021 que les entrepreneurs devraient s’attaquer à cinq chantiers incontournables :

  • Le virage technologique
  • Le télétravail
  • L’achat local : une tendance positive pour les entreprises d’ici, mais attention, vos clients sont prêts à payer 8% de plus pour des produits et services d’ici, mais pas plus; et trop souvent, « on ne sait même que vous êtes une entreprise d’ici »
  • Les notions d’éthique et de consommation responsable
  • La cybersécurité

Avant la crise, il s’agissait de tendances ; pendant la crise, on a fait des bonds en avant dans ces domaines ; et après la crise, « vous serez obligés d’être bons partout », souligne l’expert en stratégie marketing.

Le chantier du télétravail semble préoccuper particulièrement les PDG consultés. L’ère post-COVID sera visiblement celle non pas du télétravail, mais du flexi-travail. Deux ou trois jours au bureau, le reste à distance. Mais comment l’implanter, concrètement ? Comment intégrer les nouveaux employés, comment tracer la frontière entre les sphères personnelles et professionnelles, comment maintenir la mobilisation ?

D’après un sondage Léger pour le compte de la Chambre de commerce de Québec, 17 % des employés veulent rester travailler à la maison une fois la COVID contrôlée. « Vous allez devoir trouver comment les accommoder », avertit Jean-Marc Léger.

Au centre, l’humain

Au-delà des grandes tendances, les PDG consultés se sont aussi entendus sur le caractère central de l’humain. « Oui, innover, pivoter, prendre le virage numérique. Mais il reste que le constat a réellement été l’importance des gens, l’importance d’accompagner nos équipes », souligne Olivier Laquinte, ajoutant que les dirigeants ont reconnu que la pandémie a eu des impacts sur l’état de leurs troupes, mais également sur leur propre santé.

Des discussions engagées dans Conquête 2021 ressort une nouvelle conception de ce qu’est la performance. Souvent définie par les résultats qu’on est capable de mesurer, elle s’étend à la notion de résilience, d’adaptabilité, d’empathie, autant de qualités que les gestionnaires devront renforcer, pour gérer au-delà des indicateurs clés de performance habituels.

Il faudra prendre soin de nos équipes, prendre soin de nous, aller chercher un nouvel équilibre, alors que la crise n’est pas terminée. Et l’entrepreneur de constater : « ce n’est pas un sprint, ce n’est pas un marathon. On ne connait pas, en fait, la distance… »