Perspective9 février 2024

3e édition des Indicateurs du bien-être au Québec : Le Québec se compare avantageusement parmi 12 juridictions dans le monde, y compris l’Ontario

Le collectif G15+ et ses partenaires dévoilent aujourd’hui au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke la 3e édition des Indicateurs du bien-être au Québec. Sur la base de 55 indicateurs sociaux, économiques et environnementaux, le bien-être des Québécoises et des Québécois est évalué dans le temps et comparé pour la première fois aux pays membres du G7 et aux cinq pays membres de l’alliance des Wellbeing Economy Governments (WEGo), dont le Canada fait partie. Alors que certains indicateurs sont au vert, notamment la faible proportion des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi et ni en formation (NEEF) ou la diminution de l’indice de criminalité, d’autres comme l’endettement élevé des ménages, la détérioration de la santé mentale et l’augmentation constante du nombre de véhicules en circulation sont inquiétants et assombrissent le portrait du bien-être au Québec. Pour les membres du G15+, le Québec peut faire preuve de plus d’ambition en élargissant la comparaison au-delà de l’Ontario et en s’inspirant de repères autres que le niveau de richesse et le PIB pour guider ses actions.

Se comparer aux champions du bien-être dans le monde

Plusieurs indicateurs, comme le haut taux d’emploi des individus âgés de 25 à 54 ans et la faible disparité entre les taux d’emploi des hommes et des femmes, permettent au Québec de se comparer avantageusement aux pays membres du G7 et à des pays comme la Finlande, l’Islande, la Nouvelle-Zélande membres du WEGo, une alliance internationale de gouvernements orientés vers le bien-être. Par contre, la performance du Québec est moindre en ce qui a trait à la superficie des aires protégées, aux émissions de GES par habitant, à la proportion des emplois dans le domaine culturel ou encore au revenu brut par habitant.

« Si l’on devait retenir une chose de cet exercice, c’est que nous aurions tout intérêt à élargir nos horizons en voyant plus loin que l’Ontario et que le seul niveau de richesse et le PIB pour guider nos actions, d’autant plus que ce qui importe pour nous tous, au final, c’est d’améliorer notre bien-être et celui de notre société », affirment François Delorme, professeur associé à l’Université de Sherbrooke et chercheur au Laboratoire des inégalités mondiales et Daye Diallo, économiste principal de l’Institut du Québec, qui ont copiloté la démarche.

Le Québec à la traîne pour documenter des indicateurs sociaux et environnementaux

Faute de données robustes, 16 indicateurs majoritairement sociaux et environnementaux demeurent non documentés, ce qui empêche un diagnostic plus complet du bien-être.

Cette troisième édition rend néanmoins disponibles de nouveaux indicateurs comme l’artificialisation des sols. « Le Québec ne mesure toujours pas de nombreux indicateurs essentiels à une mesure appropriée du bien-être, par exemple celui sur l’économie sociale. Pourtant, les entreprises collectives évoluent dans des secteurs névralgiques au bien-être tels que les centres de la petite enfance, les soins à domicile ou encore la gestion des matières résiduelles. Le Québec doit produire et recueillir davantage de données et rendre disponibles ces indicateurs », affirment Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec et Annie Chaloux, professeure à l’école de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.

« L’étude montre que d’autres juridictions comme la France et l’Allemagne publient régulièrement des statistiques sur les catastrophes et urgences naturelles, l’indice des espèces en péril ou encore la santé environnementale. À mesure que les impacts des changements climatiques s’accélèrent et s’intensifient, il est crucial de compter sur un juste portrait de la situation afin de pouvoir aider efficacement les personnes à faire face aux crises », expliquent Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki et Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale.

Le modèle québécois se démarque positivement à l’international, mais de nombreux défis restent à relever chez nous

« L’indicateur qui retrace le nombre d’autobus par personne au Québec est sous la moyenne du Canada, alors que le nombre de véhicules sur les routes par rapport à la population continue d’être supérieur à l’ensemble du Canada. En pleine crise du financement des transports collectifs, ces indicateurs témoignent qu’en mobilité, on continue d’aller dans la mauvaise direction et ça a un impact sur nos émissions de GES, sur la capacité de déplacement des travailleurs ainsi que sur l’accessibilité à des options de transport pour les moins nantis », affirment Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre et Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

« Le Québec fait particulièrement bonne figure en matière d’utilisation d’énergies renouvelables – un constat surtout attribuable au choix historique de nationaliser sa production et sa distribution de l’hydroélectricité, source principale d’énergie au Québec. En renforçant son rôle de champion en énergie renouvelable, il donnera les moyens à ses entreprises de favoriser leur décarbonation, et ce au bénéfice de toute sa société. En revanche, notre productivité énergétique accuse un grand retard, notamment avec les pays d’Europe. Cette mauvaise utilisation énergétique nous empêche d’accélérer une transition socialement juste et économiquement bénéfique pour atteindre les cibles de l’Accord de Paris », rappellent Natalie Pouliot, directrice générale de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre, Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec et Denis Bolduc, secrétaire général à la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec.

« Le produit intérieur brut (PIB) et la création d’emplois ne suffisent plus pour évaluer le bien-être des Québécoises et des Québécois et nous appelons les décideurs publics à s’inspirer des champions mondiaux du bien-être. Depuis 2019, la Nouvelle-Zélande, qui fait partie du WEGo au même titre que le Canada, a fait preuve d’audace en guidant ses politiques et investissements nationaux par un tableau de bord d’indicateurs du bien-être et en se dotant d’un budget annuel du bien-être accompagné d’un rapport sur l’état du bien-être », ont indiqué Gabrielle Desbiens, coprésidente du Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec et Sylvain Gariépy, directeur général de l’Ordre des urbanistes du Québec.

« L’économie doit et va se transformer – pour devenir plus équitable, plus inclusive, plus verte et plus performante. Le Québec détient tous les atouts pour être à l’avant-garde de cette transformation. Pour cela, nous devons nous appuyer sur des indicateurs environnementaux, sociaux et économiques robustes »,  concluent Geneviève Morin, présidente-directrice générale de Fondaction, Isabelle Dubé-Côté, présidente et cheffe de la direction d’Écotech Québec et Éric Cimon, directeur général de l’Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec.

Une démarche de promotion du bien-être, fruit du consensus entre partenaires de tous les horizons

Cette démarche est rendue possible grâce à la contribution majeure de Fondaction, de la Fondation familiale Trottier et d’Environnement et Changement climatique Canada. Le Fonds de recherche du Québec (Scientifique en chef), Boralex ainsi que la Chaire en fiscalité et en finances publiques (Université de Sherbrooke) ont aussi appuyé la démarche à titre de partenaires principaux. De nombreux membres du projet ont apporté leur précieux soutien financier : l’Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec, le Chantier de l’économie sociale, la Coalition des organismes communautaires de développement de la main-d’œuvre, le Conseil du patronat du Québec, Équiterre, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la Fondation David Suzuki, le Groupe d’études et de recherche sur l’international et le Québec (GERIQ), l’Ordre des urbanistes du Québec, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement, le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec, Vivre en Ville et COPTICOM.

Pour consulter le portail des indicateurs et l’analyse complète des tendanceswww.indicateurs.quebec

À propos des Indicateurs du bien-être au Québec

Dévoilés en janvier 2022, les Indicateurs du bien-être au Québec lancent à un appel à dépasser la croissance du Produit intérieur brut (PIB) et de la création d’emplois pour évaluer le bien-être des Québécoises et des Québécois. Grâce à cette contribution importante de la société civile à la construction d’une société solidaire, prospère et verte, le G15+ interpelle les décideurs publics à placer le bien-être au cœur de nos décisions individuelles et collectives.

 À propos du G15+

Le collectif G15+ s’appuie sur le dialogue social pour favoriser la transformation de l’économie québécoise vers une société plus solidaire, prospère et verte et placer le bien-être de la population au cœur des politiques publiques. Fondé en mars 2020, il est composé de leaders économiques, syndicaux, sociaux et environnementaux du Québec.

Membres de la 3e édition du projet des Indicateurs du bien-être au Québec

Association des Groupes de Ressources Techniques du Québec, Boralex, Chantier de l’économie sociale, Centre Intact d’adaptation au Climat, Coalition des organismes communautaires de développement de la main-d’œuvre, Conseil de l’innovation du Québec, Conseil du patronat du Québec, COPTICOM, Stratégies et Relations publiques, Delorme Lajoie Consultation, Écotech Québec, Environnement et Changement climatique Canada, Équiterre, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Fondaction, Fondation David Suzuki, Annie Chaloux (Université de Sherbrooke), Institut climatique du Canada, Institut du Québec, Ordre des urbanistes du Québec, Ouranos, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement, Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec, Vivre en Ville et à titre d’observateur l’Institut de la Statistique du Québec.